Gestion et innovation

Les spécificités de la gestion de l'innovation

par Maddalena Rutily
étudiante en GEA 1ère année de l'IUT de Corse


L'investissement dans le savoir est à la base de l'innovation et du progrès technologique. Cet investissement doit être axé à la fois sur la formation de chercheurs et de travailleurs hautement qualifiés et sur la recherche proprement dite.
Lorsqu'on analyse la façon dont s’effectue le financement de l'innovation, on constate que près des trois quarts des ressources proviennent des entreprises elles-mêmes, par réinvestissement dans l'innovation des profits des périodes antérieures. Cela restreint le type d’entreprise innovante puisque les moyens financiers engagés sont très importants. Les petites structures n’ont pas la capacité de s’autofinancer car elles ne font pas assez de profit et n’ont donc pas les moyens d’épargner.

Selon l'analyse de l'OCDE, les États ont des responsabilités spécifiques à assumer dans la stimulation de l'innovation. C'est en effet en amont des processus productifs que les dépenses publiques dans la recherche et l'enseignement créent les conditions d'apparition de l'innovation. Les projets de recherche, souvent très lourds en termes de financement, ne peuvent souvent voir le jour qu'avec le soutien des États.
Leur profitabilité à court et moyen terme est trop incertaine pour que le secteur privé et ses petites entreprises, les prennent seuls en charge. De même, l'investissement dans le savoir, par les effets positifs qu'il génère pour l'ensemble de la société, justifie également l'intervention de la puissance publique.

En ce qui concerne l’Europe, elle intervient sur tous les territoires qui la composent. Elle lance en 2010, l'Union de l'innovation dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Son objectif est la création d’un marché commun de la recherche et d’un soutien à l’innovation pour les PME.
Ayant pris conscience que c’est innover qui permet de rentabiliser une entreprise, les dirigeants européens ont mis en place différents mécanismes. On peut prendre l’exemple du programme-cadre pour la compétitivité et l'innovation qui met en avant la compétitivité des entreprises européennes.
Il est principalement destiné aux petites et moyennes entreprises (PME) et soutien l'innovation, en améliorant leur accès au crédit et en leur fournissant des services d'appui dans les régions. Il y a également le programme-cadre de recherche de l'Union européenne qui cofinance des projets de recherche et de développement technologique.
Ces derniers sont menés en partenariat avec les établissements des Etats éligibles au programme. Il vise à renforcer et structurer l'Espace européen de la recherche, équivalent d'un "marché commun" de la recherche.

Il y a des mécanismes européens, nationaux et même régionaux qui soutiennent les institutions pour que les entreprises innovent, qui sont basés sur une même définition de l’innovation.
C’est le « Manuel d'Oslo16 » de l'OCDE qui propose la définition de ce qu'est une innovation : « Une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures. »
Il précise ce qui est entendu pour chacune de ces quatre types d'innovation :

  • l’innovation de produit, qui correspond Ă  la crĂ©ation d’un bien ou d’un service nouveau ou fortement amĂ©liorĂ©, sur ses caractĂ©ristiques ou sur l’usage auquel il est destinĂ©.
  • L’innovation de procĂ©dĂ©, qui est la mise en Ĺ“uvre d’une mĂ©thode de production ou de distribution nouvelle ou amĂ©liorĂ©e.
  • L’innovation de commercialisation, qui est la mise en Ĺ“uvre d’une nouvelle mĂ©thode de commercialisation des changements significatifs de la conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification d’un produit.
  • Et l’innovation d’organisation, qui consiste Ă  mettre en Ĺ“uvre une nouvelle mĂ©thode organisationnelle dans les pratiques et l’organisation du lieu de travail.
Le Manuel d'Oslo ne donne pas d'exemple, à l'exception de quatre innovations génériques : le baladeur numérique MP3, le freinage ABS, le système GPS et le RFID. Il ne précise pas non plus ce qu'il faut comprendre par « objectivement nouveaux » et par « améliorés ».
La commission européenne a communiqué une définition concise de ce qu’est l’innovation : l’innovation est prise "comme synonyme de produire, assimiler et exploiter avec succès la nouveauté dans les domaines économique et social".
Localement, la définition de l’innovation n’est pas comprise de la même manière. En ce qui concerne plus particulièrement la région corse, il n’y a pas de grandes entreprises de pointes. Ce sont souvent des PME qui se développent en fonction du tissu économique et qui adaptent donc ce qu’elles considèrent être une innovation à leur niveau.
Par exemple la pose d’une climatisation dans un bureau peut être considérée comme telle. De ce fait, on peut donc constater que les mécanismes régionaux n’ont pas la même conception de ce qu’est une innovation.

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