Nous constatons que des aides au processus d’innovation sont mises en place par l’Europe et sont accordées à toutes les entreprises innovantes. Cependant, les aides financières sont beaucoup plus importantes que les aides non financières, qui sont pourtant tout aussi nécessaires aux entreprises dans le processus d’innovation.
Il s'avère que l’innovation en Corse est assez différente de celle des régions plus développées.
La Corse présente un retard sur les innovations technologiques. De plus, il y a peu d’échanges entre les (petites) entreprises corses et continentales ce qui peut limiter l’arrivée des innovations. La Corse doit surtout s’équiper en matériel technologique, ce qui à son échelle est reconnu comme une innovation majeure. La capacité d’autofinancement des entreprises insulaires est faible.
Ainsi, grâce aux stratégies proposées par les institutions publiques et privées, les entreprises insulaires peuvent-elles innover et gérer l’innovation efficacement ?
Avant tout, il faut savoir que chaque innovation est générée par les ressources humaines. En effet, si une entreprise a pour objectif d’innover, il lui faut avant tout du personnel qualifié et dynamique, car l’homme est au cœur de toute innovation.Cependant, il n’est pas évident pour une entreprise de trouver et de garder des employés dignes de ce nom, d'autant qu'employer des salariés qualifiés est coûteux pour les entreprises corses.
Or, les entreprise insulaires l’ont bien compris, depuis plusieurs années, elles se sont engagées à former elles-mêmes leur personnel. Avec la collaboration des Chambres du Commerce et de l’Industrie, des CFA et l’Université de Corse, les formations en alternance sont favorisées afin de pouvoir former de manière optimale, grâce à l’expérience en entreprise et à la formation dispensée par l’établissement scolaire, ces futurs innovateurs.
Bien que ce soit une priorité pour la Corse, former soi-même son personnel prend du temps et coûte aussi de l’argent aux entreprises de petite taille.
Mais, en plus d’un besoin de personnel qualifié pour générer l’innovation, les entreprises ont aussi un besoin financier pour innover. Afin de les aider à trouver les fonds nécessaires pour innover, des organismes publics et privés leur proposent leur aide.
Pour soutenir les projets innovants des entreprises, certains organismes d’aide à l’innovation, dont le plus connu est Oséo, proposent leur soutien financier. Mais, les entreprises peuvent aussi demander des emprunts à des établissements de crédit.
Pour adapter ces aides aux entreprises et à la conjoncture économique des régions et des micros régions, telles que la Corse, les organismes régionaux sont les plus compétents pour remplir cette fonction. En effet, les CCI, la Conseil Général de la Haute-Corse et de la Corse du Sud, mais aussi l’ADEC, Fèmu quì, connaissant l’environnement économique de la Corse, sont plus prompts à venir en aide aux entreprises insulaires.
Cependant, selon l’innovation et le montant des demandes de subventions, les organismes nationaux, tels que le CRITT, mais aussi les organismes européens, comme Oséo, peuvent contribuer au financement des projets constatés innovants.
Mais, les aides financières sont-elles réellement suffisantes pour mener à bien les projets innovants ? Les entreprises corses, ayant peu d’expérience, et ayant du mal à innover, présentent des difficultés à gérer ces projets. En effet, sans guide d’innovation, elles peuvent se restreindre d’innover, en craignant de s’endetter et de faire faillite.
Pour permettre aux entreprises de mener un projet d’innovation, elles ont besoin d’aides, mais pas seulement d’une aide financière. En effet, un guide à la gestion de l’innovation serait nécessaire, surtout pour les petites et moyennes entreprises qui veulent innover.
Or, ces aides à la gestion d’innovation existent, cependant, elles ne concernent qu’essentiellement les innovations de recherche et développement.
Mais, à l’échelle de la Corse, les innovations dans ce domaine sont quasi inexistantes. Les innovations insulaires sont surtout portées sur l’agriculture, l’environnement,etc. En effet, sa conjoncture économique ne se prête pas aux demandes en recherche et développement.
On remarque, qu’en Corse, l’ensemble des innovations technologiques représentent uniquement des besoins d’équipements. En effet, s’équiper de nouvelles technologies constitue un coût important pour les petites et moyennes entreprises. Ainsi pour celles-ci, ces installations de nouveaux équipements, sont reconnues comme innovations.
En conclusion, pour que l’ensemble des entreprises insulaires souhaitant innover, soient en mesure de mener à bien leur projet et de gérer efficacement cet investissement, des aides financières et des aides à la gestion du processus d’innovation semblent indispensables.
Afin, de mieux comprendre le processus d’innovation en Corse, nous sommes allés à la rencontre du premier adjoint du maire de la Mairie de Ventiseri, M. Jacques CESARI, qui a eu l’idée de construire une station d’épuration des eaux usées. Il nous a donc expliqué comment s’est déroulé le projet, reconnu comme innovant.
La station d’épuration de la Commune de Ventiseri est considérée comme une innovation majeure. En effet, pour la petite structure qu’est la Mairie de Ventiseri, envisager un projet a coût conséquent tel que celui-ci, était une entreprise délicate.
Ce projet a été voté et approuvé par le Conseil Municipal au début des années 1990, l’arrêté préfectoral 540/97 du 20 mars 1997 en résulte. Cet arrêté a été modifié en 2001 et la station a été mise en service en avril 2002.
Afin que cette innovation voie le jour, la Commune a fait appel à des organismes européens, à la Collectivité Territoriale de la Corse, au Conseil Général et à l’Agence de l’Eau, qui lui ont subventionné 80% du coût total de l’opération, qui avoisinait les un million d’euros. En effet, étant une station d’épuration respectueuse de l’environnement, en limitant le risque de pollution grâce à l’installation des roseaux qui éliminent les boues des eaux usées, les aides ont été conséquentes.
Ce système innovant et unique en Corse, a été inspiré par le modèle écologique norvégien et suédois. Or, la Mairie de Ventiseri n’a pas bénéficié d’une aide à la gestion du processus d’innovation. Mais cela n’a pas empêché la réussite de ce projet.
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