Gestion et innovation

Rationaliser l’innovation ne revient-elle pas à la limiter ?

par Angelina Rocchi et François Torracinta
étudiants en GEA 1ère année de l'IUT de Corse


L’innovation, vecteur de développement, est au cœur des recherches menées par les institutions européennes. La rationalisation de cette dernière est aujourd’hui sujet de nombreux débats entre innovateurs et institutions.

Rationaliser l’innovation tend à rendre plus efficace le fonctionnement d’une activité, d’une structure par l’application de techniques spécifiques adéquates. Il s’agit en effet de ramener l’innovation au sens large du terme à des chiffres, des études savantes et complexes, pouvant justifier de la viabilité du projet dont il est sujet afin de pouvoir le qualifier d’innovation.

Le processus d’innovation, l’action d’innover est le fait d’introduire quelque chose de nouveau dans un domaine particulier. L’innovation nait de connaissances nouvelles, de la volonté de comprendre le fonctionnement de quelque chose. Une prise de risque est donc nécessaire à l’introduction d’une chose réellement nouvelle.

Nous nous sommes ainsi posé la question de l’influence de la rationalisation sur le caractère innovant de la chose. Il s’agit au cas d’espèce de savoir si rationaliser l’innovation ne revient pas à la limiter.

Une seule définition de l’innovation n’est donnée et appliquée. Il s’agit en effet de celle de l’Union Européenne et du manuel d’Oslo, appliquée par les organismes nationaux et régionaux. Un seul système est en vigueur. La stratégie d’innovation appliquée par les organismes corses n’est qu’en fait la stratégie posée par l’Union Européenne transposée.
Le Manuel d'Oslo16 de l'OCDE propose la définition suivante de ce qu'est pour lui une innovation: Une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures. »
Le Manuel d'Oslo ne donne pas d'exemple, à l'exception de quatre innovations génériques, le baladeur numérique MP3, le freinage ABS, le système GPS et le RFID. Il ne précise pas ce qu'il faut entendre par « objectivement nouveaux » et par « améliorés ». La troisième édition introduit la notion d'« activités innovantes » au sein de l'entreprise.
La commission européenne a communiqué une définition concise : l’innovation est prise "comme synonyme de produire, assimiler et exploiter avec succès la nouveauté dans les domaines économique et social". Pour atteindre cet objectif la Commission européenne dispose d’instruments souples pour financer des actions novatrices et des projets pilotes destinés à explorer de nouvelles voies en matière de développement économique et social et à favoriser l’échange d’expériences entre les acteurs du développement local et régional.

Mais, les organismes, appliquant cette stratégie unique, dans cet unique système ne prennent aucun risque au sujet du financement des projets en demande. De nombreux formulaires doivent ainsi être remplis, de nombreuses formalités acquittées afin d’obtenir un financement. Ce dernier n’est accordé qu’après justification et preuve de viabilité du projet. Cependant, comment vérifier la viabilité d’un projet s’il est réellement nouveau, s’il s’agit d’’une nouveauté dans un domaine particulier ou bien d’une chose aujourd’hui inconnue ?. La collectivité territoriale ainsi que les organismes régionaux peuvent-t-ils se baser sur une définition plus adaptée à la Corse et à son tissu social afin de favoriser les projets réellement innovant ?

Les mesures prises par les organismes ne sont pas toujoursadaptées au tissu social ainsi qu’aux entreprises locales. Aucune n’est en effet capable de justifier le caractère innovant de son projet. En effet, par le retard pris dans la région, le cas d’installation de climatisation dans les magasins de la grande distribution corse est qualifiée théoriquement d’innovation mais est réellement une amélioration des conditions de travail au sein de l’entreprise.
Poussant cette logique, il serait judicieux de réfléchir sur le choix de cette rationalité comme socle du développement d'une région dont la culture, faite de légende et de contes, ancre son identité dans une certaine forme d’irrationalité.

Femu qui : un outil financier

Société financière pionnière en Corse en matière de capital-risque, Femu Qui aide au développement économique et à l’emploi dans l’île. L’actionnariat populaire est le principal moyen de financement des nombreux projets portés par cette société. Cette société en elle-même à été une innovation sociale.

Deux collèges sont inscrits dans la société :

  • PrivĂ© : petits porteurs de projets dĂ©tenant des actions, trois catĂ©gories se dĂ©marquent : des salariĂ©s, des travailleurs indĂ©pendants et des retraitĂ©s.
  • Institutionnel : 5 institutions disposent de la moitiĂ© du capital, la CollectivitĂ© territoriale de Corse, les deux chambres de Commerce et d’Industrie, la Caisse de DĂ©veloppement de la Corse et la CDC-entreprises.

Entretien avec le directeur de Femu Qui par Pierre-Ange Girolami

Concept

La société gère les fonds de soutien aux entreprises innovantes, selon les consignes de l’Europe. En effet, les fonds européens sont disponibles uniquement pour les entreprises innovantes. Elles doivent être de plus en plus innovantes pour être compétitives. Mais ces innovations peuvent être de différentes formes, la seule création d’un site internet sera une innovation.
Le directeur de cette société a toutefois insisté sur la difficulté à transformer les inventions en innovations.

Exemples d’entreprises financés par la société :

  • Brasserie Pietra (Furiani)
  • MediaCorse (Bastia)
  • Soleco (Borgo)
  • Zilia (Zilia)
  • Parc de Saleccia (Monticello)



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