inventer un modèle de développement durable en Corse

Le modèle de développement durable corse : invention ou innovation ?

par Baptiste Martelli
étudiant en GEA 1ère année de l'IUT de Corse


Il est toutefois étrange d’observer le comportement réel des corses face à cette idée de modèle de développement durable. En effet, les corses se glorifient de l’état de leur terre : Kallliste, l’Île de Beauté, qui a su résister aux ravages de l’industrialisation. Néanmoins, quel est le rôle véritable des corses dans cette préservation ?
Les corses se targuent d’être les protecteurs absolus de leur territoire, ils sont donc dans leur représentation mentale d’eux-mêmes des êtres fantastiques quasi-miraculeux gardiens de la Corse.

En observant cette population auto glorificatrice, on se rend compte que la corse a créé des monstres d’orgueil ; fourbus de mérites qu’ils ont obtenu sans efforts. La corse, en effet, a été de par son statut d’île, et donc de l’éloignement qu’aurait représenté l’exportation de biens vers le continent, épargnée par la plupart des vagues d’industrialisation et de constructions massives qu’a connu le continent. La Corse ne doit donc rien aux corses sinon d’avoir été préservée de leurs ambitions personnelles mais doit tout à sa position géographique.

S’il faut bien admettre un mérite à cet orgueil c’est que la jalousie que provoquent les exploits des membres de la population entraîne une rapide propagation des réussites. Toutefois, le phénomène s’applique également aux échecs : l’installation d’un incinérateur dans le cortenais était nécessaire à la conservation d’une certaine hygiène concernant le dépôt d’ordures ménagères, toutefois la population s’est laissée entrainer dans une véritable guérilla administrative pour empêcher son installation. Si pour certains il s’agissait d’un problème de voisinage, ils ont entrainé leurs compatriotes dans cette affaire sous couvert de protéger la nature. Contradictoire s’il en est, l’annulation de cette construction a donc empêché la communauté de bénéficier d’une déchetterie qui ne serait pas à ciel ouvert et de l’avantage de se débarrasser efficacement de ses ordures, ce qui devrait donc détériorer encore l’état de la région.

Cette volonté de protéger le paysage, car c’est de paysage qu’il s’agit, finira a long terme par avoir l’effet inverse. C’est donc cette fierté, cet orgueil, placés avant tout sens commun qui empêche la Corse, d’évoluer vers l’innovation d’un modèle de développement durable.
Cette innovation est d’ailleurs encore une fois une projection d’une invention que les corses se vantent d’avoir déjà réalisé. Leur vanité les pousse à penser qu’ils ont déjà réussi alors qu’en réalité rien n’est fait, bien au contraire, il semble aux yeux d’un observateur avisé que le modèle de développement durable, dont ils enorgueillissent, s’échappe chaque jour un peu plus.

Si preuve il faut, preuve il y a : le refus de l’incinérateur dans une région où son installation est nécessaire, n’est qu’un exemple dans une région où semble s’être installé un immobilisme certain, voire même une volonté d’aller à l’encontre d’ennuis dans l’avenir.
En effet, l’obsolescence des installations déjà en place, tel que les locaux de poubelles pour tri sélectif, sont en réalité des façades cherchant à camoufler le fait qu’il n’existe aucun aboutissement à ces innovations. Les déchets, que les corses trient, sont, en effet, à nouveau réunis lors des ramassages puisque aucune centrale de recyclage n’existe en corse. Cette façade qui semble pourtant faire la fierté des élus, poussent les populations à penser que les efforts sont fait et que des innovations sont mises en places pour l’achèvement du modèle de développement durable qu’ils ont inventé.

Les corses connaissant cet état de fait, et donc ne comprennent pas en quoi il serait important de continuer à faire des efforts dans le sens du développement durable puisque ces efforts restent vains. Ainsi, l’apparente qualité des corses au vu de leur rapport à la protection de leur île, n’est qu’une façade, une contrefaçon projetée, afin de maintenir « l’honneur » née d’une fierté malsaine d’avoir une île si bien conservée.

La Corse, de par sa géographie insulaire, est séparée du continent par la mer, elle ne peut donc avoir accès aux innovations et aux inventions produites sur le continent. Elle est enfermée sur elle, elle fait abstraction du monde qui l’entoure. Contrairement à leurs voisins continentaux qui ont intégré le tri sélectif au cœur de leurs mœurs et de leur quotidien, le peuple corse n’en fait rien. Serait-ce un manque notoire d’infrastructures ou seulement un manque d’envie de la part de la population insulaire ? L’orgueil dont font preuve les corses ne serait-il pas la source de ce phénomène ? Les corses écoutent d’une oreille sourde les conseils de leurs voisins. En effet, le péché d’orgueil les pousse à ne pas les écouter. Ils ne se considèrent en aucun cas comme le mouton suivant son troupeau, mais plutôt comme un mouflon libre et sauvage emblème même de l’île, mais le mouflon n’est-il pas une espèce menacée, enfermée dans des réserves naturelles attendant le jour de sa totale extinction ?

Le manque de communication aussi bien externe qu’interne se traduit par la politique insulaire du « Lascia Corre » (en français : « laisse courir ») qui consiste au désintéressement notoire de la part de la population en ce qui concerne les nouvelles technologies en particulier celles liées au développement durable. L’orgueil corse étouffe la communication de l’île, la soumettant au silence comme si la tête de maure, emblème du drapeau, avait été dessinée avec un bandeau sur la bouche et non pas relevé sur le front. La communication avec l’extérieur est d’autant plus difficile. La corse et son peuple chargés d’un lourd passé d’occupation de la part des peuples étrangers ; grecs, romains, génois, français s’y sont installés à tour de rôle sous le symbole de « l’envahisseur » sans que pour autant le peuple insulaire n’est senti une quelconque appartenance à une culture ou à une autre : « La Corse, souvent conquise, jamais soumise ». Ce caractère historique, lui procure une attitude défensive et orgueilleuse qui rend sourd aux arguments du voisin et empêche les innovations en termes de développement durable lorsqu’elles viennent de l’extérieur.

La fierté (l’orgueil) corse reconnue à l’international pousse souvent à refuser à l’Etat et à éviter de montrer le besoin que l’on peut avoir des autres.
Cela se fait cruellement ressentir dans le manque d’infrastructures adaptées. L’absence de centrale de tri est l’exemple le plus flagrant, certes le tri sélectif n’est pas encore intégré dans la mentalité insulaire, mais comment éduquer les corses au tri sélectif s’il n’y a pas de fondements ? Le manque de moyens monétaires dont souffre l’île en est la principale cause, et l’orgueil ne fait qu’en accentuer les conséquences.

Un autre exemple que celui du manque des centrales de tri-sélectif est la carence de moyens au développement des infrastructures suffisantes pour l’accueil le tourisme de masse. Station d’épuration, centrale de recyclage des déchets, infrastructures circulantes, etc. restent inaptes à l’accueil de la population saisonnière qui décuple la population hivernale.
Ces deux exemples sont la cause d’une politique qui préfère paraître qu’être, paraître le modèle du développement durable qu’être ce modèle. Les élus orgueilleux, à l’image de leur peuple, ne préfèrent pas demander des subventions nécessaires pour incarner ce modèle car ils craignent que notre l’île ne soit reléguée au rang de région pauvre. Ils veulent montrer au continent que la corse est une région indépendante qui n’a besoin de la main de personne pour se relever, mais ne serait-ce pas le cercle vicieux du serpent qui se mort la queue ? L’orgueil poussé à l’extrême pourrait engendrer le phénomène de pauvreté de l’île.

Le modèle de développement durable corse : invention ou innovation ?
par Baptiste Martelli
La belle Kalliste
par Caroline Porri et Lauren Pietrini