Cherche à innover

La course à l’innovation ?

par Marine Luciani et Petru-Antonu Polacci
étudiants en GEA 1ère année de l'IUT de Corse

Etant donnée l'intensification actuelle de la concurrence sur le marché mondial, les entreprises doivent se montrer de plus en plus pour conserver leurs avantages concurrentiels.
L’innovation peut se définir comme étant le développement de nouvelles valeurs qui répondent à certaines exigences, et à de nouveaux besoins sur le marché mondial, mais aussi à d’anciens besoins. L’innovation est donc liée à l’utilisation d’une nouvelle idée tandis qu’une invention est la création d'une nouvelle idée. Ces nouvelles valeurs sont proposées à travers de nouveaux produits, processus, services, technologies ou idées qui sont mis à disposition des marchés, des institutions et de la société.

Les innovations sont traditionnellement portées par les départements de Recherche & Développement, mais aussi par les départements de marketing par exemple, et elles sont développées au sein d’un processus formalisé.

On peut se demander pourquoi les entreprises cherchent à innover : pour participer à l’évolution de la société ou seulement faire face à la concurrence. On remarque, en partie, que l’innovation est souvent due en premier lieu à la concurrence. En effet, celle-ci est devenue une dynamique nécessaire voire obligatoire aux entreprises afin de s’imposer au sein du marché, et de pouvoir faire concurrence aux autres entreprises.
C’est une réelle course à l’innovation qui se dessine : les entreprises doivent s’adapter continuellement à leurs concurrents et au marché afin de rester dans la compétition. De nos jours une entreprise qui n’innove pas est une entreprise qui a déjà déposé le bilan.

Les innovations sont en général perçues par la population comme une action toujours positive. En effet, l’innovation étant synonyme de changement, elle suppose bien-sûr des effets positifs mais pas seulement. Elle peut également comporter de nombreuses contraintes pour les entreprises, aux niveaux, financier, du temps nécessaire à la recherche d’innovations, et d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte. L’innovation sous-entend une implication importante de tous les agents économiques que ce soit au niveau de la région, des organismes bancaires, des entreprises qui se projettent dans un futur incertain. En effet l’innovation peut aboutir à des bouleversements inattendus qui mènent les entreprises à la précarité ou encore à la faillite.
Parmi les effets positifs, innover peut amener à détenir un monopole du marché ou, à moindre effet, un avantage concurrentiel. Innover peut aussi permettre la découverte de nouvelles méthodes de production et ainsi optimiser le temps et représenter des bénéfices supplémentaires. La course à l’innovation que mène les entreprises permet de stimuler le marché, et donc par répercussion l’économie nationale, ou régionale.

Ici nous nous intéresserons plus précisément à la Corse, sur les effets positifs que peut avoir la course à l’innovation sur ses entreprises, et sur son économie.
La région ne brille pas par son taux de création d'entreprise même si celui-ci augmente d’année en année, en revanche les entreprises corses existantes depuis de nombreuses années sont plus solides que la plupart des entreprises françaises.

La Corse est en pleine croissance économique, beaucoup d’entreprises croient innover en ajoutant des valeurs ajoutées sur des produits en général déjà existants. Il est désormais difficile de faire la différence entre innover et se développer, se diversifier. C’est pourquoi de nombreuses entreprises se pensent innovantes alors qu’en réalité très peu de réelles innovations émergent. Cependant les entreprises de l’île ne cessent de se diversifier, de s’élargir, de s’agrandir en outre ce qui leur permet, pour la plupart, de faire face à la concurrence ou simplement de ne pas faire faillite.
Mais alors, si l’innovation est la condition à la survie d’une entreprise, pourquoi les entreprises corses résistent-elles mieux que les entreprises du reste de la France, bien qu’elles innovent peu ?

  • Nous avons rĂ©alisĂ© une interview de Monsieur Casanova, chef d’entreprise et crĂ©ateur de la PME Batimat2b qui se situe Ă  San-Nicolao. Il a crĂ©Ă© son entreprise le 28 Novembre 1995. C’est une entreprise de BTP faisant le gros Ĺ“uvre, et vendant des matĂ©riaux ainsi que machines et engins liĂ©s au bâtiment.
    Son interview nous a fortement intéressé parce que son entreprise n’a pas eu le choix d’innover : elle était en situation économique très précaire prête à déposer le bilan. C’est alors que le chef d’entreprise a décidé d’innover pour essayer de sauver l’entreprise. Grâce à l’innovation l’entreprise a était sauvée.
  • Nous avons Ă©galement effectuĂ© une interview de Monsieur Jean-Jacques Canu, gĂ©rant de la SARL « Les ambulances Porto Vecchiaise », sociĂ©tĂ© d’ambulance privĂ©e qui se situe Ă  Porto-Vecchio en Corse du Sud. Interview intĂ©ressante car cette entreprise a Ă©tĂ© obligĂ©e d’innover pour faire face Ă  une concurrence de plus en plus prĂ©sente dans la rĂ©gion.
  • L'histoire de l'entreprise Ollandini est très parlante sur le rĂ´le de l'innovation dans la rĂ©ussite d'une entreprise. De nombreuses innovations et diversifications ont permis Ă  Jean Ollandini depuis la crĂ©ation de son entreprise d’être le leader sur le marchĂ© Corse.
    Ollandini est une entreprise créée il y a plus de 120 ans, en 1890 par Jean Ollandini, un pionner du tourisme. En effet, au fil des années, il s’est diversifié et a innové afin d’avoir le monopole ou de faire face à la concurrence. C’est ainsi qu’il a perçu à l’heure actuelle comme le pionner du tourisme en Corse.
    • En 1890 il commence par le transport de marchandise par les ânes.
    • Puis avec l’invention des voitures en 1920, il se lance dans le transport de passagers Ă  l’aide d’autocars. Au dĂ©but il ne fait que de petites liaisons mais vue l’ampleur de la demande les liaisons se multiplient et dans de nombreuses villes. Cela Ă©tait une innovation puisqu'Ă  l’époque les autocars pour transporter la population en Corse n’existaient pas.
    • Par le rachat des concurrents de l’époque, il est en situation d’exclusif monopole sur le marchĂ© Corse.
    • En 1933, il ouvre une agence de tourisme Ă  Ajaccio oĂą il organise des voyages de groupe et vend des places de bateau. Cela est une diversification qui lui a permis d’agrandir son champ d’action.
    • Apres 1945, Jean Ollandini dĂ©veloppe les liaisons aĂ©riennes avec des rĂ©seaux amĂ©ricains, c’est-Ă -dire qu’il loue des avions aux compagnies aĂ©riennes amĂ©ricaines afin de faire des liaisons avec le continent. Il s'agit cette fois d'une vĂ©ritable innovation, car on ne louait pas Ă  l’époque d’avion Ă  des entreprises. Cela lui a permis de se diversifier, d'Ă©largir encore son champ d’action, d'attirer des nouveaux clients, tout en gardant le monopole et ce, par l'innovation
    • Enfin, après avoir construit un complexe hĂ´telier Ă  Propriano, il est devenu concessionnaire Ă  Avis, afin de louer des voitures.
  • La biscuiterie d’Afa a Ă©galement trouvĂ© une alternative afin de faire face Ă  la concurrence très prĂ©sente dans le milieu de la biscuiterie Corse : l’innovation.
    En effet, celle-ci voulant garder des fournisseurs locaux, le coût de revient de leurs biscuits étaient très supérieur à ceux pratiqués par la concurrence. Par conséquent la biscuiterie n’était plus compétitive et ainsi perdait de très nombreux clients.
    Ne voulant pas changer leurs recettes qui faisaient leur succès et ne voulant pas lésiner sur la qualité des produits, tout en restant compétitifs et faire face à la concurrence, il fallait trouver une alternative à ce problème. Le seul pôle susceptible de réduire leurs coûts étaient donc la main d’œuvre. Ainsi Alfred Fenech a lui-même inventé les machines qui lui étaient nécessaires pour la fabrication de ses biscuits selon ses recettes, et a pu réduire considérablement ses coûts de fabrication.
    La Biscuiterie d’Afa a ainsi pu rester compétitive et rester sur le marché en faisant face à la concurrence.