Territoires et innovation

Les différentes formes d'innovation en Corse

par Francesca Maria Densari et Santu Franchi
étudiants en GEA 1ère année de l'IUT de Corse


En économie, on définit l’innovation comme une évolution précise d’un produit, d’un service ou d’un processus de fabrication qui va apporter une chose nouvelle, inconnue ou bien qui utilise des technologies récentes issues de la recherche.
L’innovation permet aux entreprises d’être plus compétitives. Elle peut s’inscrire dans un projet, ou bien dans une démarche de management. Il existe deux grandes formes d’innovations : l’innovation technologique et non technologique. Cette dernière comprend l’innovation de marketing, sociale, d’organisation, de service, de transports.

Le territoire corse étant une petite île, a une structure économique peu développée et plutôt défavorable à l’innovation. L’économie insulaire étant plutôt restreinte, les exportations sont limitées.


De plus concernant le niveau de diplôme, on constate qu’il est en Corse inférieur à la moyenne nationale (la part des non diplômés est de 36% en Corse contre 29% en France), ce qui n’est pas très valorisant pour nos firmes. De ce fait, les entreprises qui innovent sont peu nombreuses à investir dans la recherche et le développement interne et externe (base d’un processus d’innovation) moins de 3 entreprises innovantes sur 10 ont investi dans ce domaine interne entre 2006 et 2008, contre 6 entreprises sur 10 en France.

Cependant notre structure économique présente tout de même certains atouts, notamment l’attractivité du territoire, le dynamisme des créations d’entreprises et une croissance soutenue depuis 10 ans.
A la plus grande surprise de tous, nous pouvons constater que les entreprises corses innovent presque autant qu’au niveau national. Entre 2006 et 2008, 45% des entreprises enquêtées dans la régio ont innové.
C’est l’innovation non technologique, d’organisation ou de marketing qui domine. L’industrie et le transport sont également des secteurs très innovants a contrario du commerce et du service plutôt caractérisés par un déficit d’innovation. De plus la situation financière des entreprises et l’accès axu financements ne sont pas une contrainte dans les démarches d’innovations, car elles sont d’avantage axées sur le financement externe (22% en Corse contre 17 % en moyenne nationale) que sur le financement sur fonds propre (83% en Corse, 92 % en moyenne nationale).

En règle générale, si les entreprises innovent c’est pour être plus compétitives. Pour les entreprises corses la motivation première est de mieux répondre à la demande de la clientèle. Elles tiennent à améliorer la qualité de l’offre et de l’adapter aux attentes des consommateurs. Par exemple, elles peuvent améliorer la qualité d’un produit, que ce soit un bien ou un service, arranger les aspects liés à la santé ou à la sécurité, retoucher la visibilité des produits, ou encore introduire de nouveaux segments commerciaux. La satisfaction de la clientèle est donc le but premier de ces entreprises et constitue un enjeu majeur dans tous les différents secteurs. Les objectifs de marché ne sont que de second rang, suivi des objectifs de production. Cela découle du fait que le marché local est étroit et que les ouvertures sur l’extérieur sont peu nombreuses. Néanmoins pour les entreprises technologiques et de transport (45%), c’est le marché qui stimule l’innovation.

En ce qui concerne l’innovation non technologique (organisation ou marketing), elle est plus fréquente en Corse qu’en moyenne nationale. L’innovation d’organisation concerne plus de huit entreprises innovantes sur dix, contre moins de sept sur dix en moyenne nationale. De même pour l’innovation de marketing qui est plus développée sur notre île que sur le continent. En revanche, l’innovation technologique est plutôt limitée, car elle a tendance à croître avec la taille des entreprises, or en Corse la majorité est aux PME (petites et moyennes entreprises), 41 % des entreprises de moins de 20 salariés innovent contre 52 % des entreprises de plus de 20 salariés. Ces dernières ayant peu de moyens financiers, techniques et humains ne peuvent innover comme elles le souhaitent.

En corse l’innovation technologique se caractérise plus par l’acquisition de nouveaux équipements et par la formation. Ce qui met un frein à son développement, c’est sa faible industrialisation, alors que l’industrie est le secteur le plus innovant avec un niveau supérieur à la moyenne nationale, 65 % des entreprises sont innovantes contre 55 % en France. Le secteur tertiaire, lui est peu innovant bien qu’il soit le secteur économique central, 40 % des entreprises régionales de ce secteur sont retenues comme innovantes contre 50% en France.

On peut donc voir que le domaine de l’innovation en Corse est plutôt surprenant, étant donné que cette dernière arrive à se développer malgré un contexte économique plutôt défavorable. Cependant les innovations technologiques sont freinées à contrario des non technologiques qui ne cessent d’augmenter.
La question est de savoir si ce déséquilibre est obligatoirement à associer aux spécificités de notre territoire, ou bien si d’autres paramètres variables comme le niveau de diplôme, les moyens techniques, humains et financiers sont à prendre en compte pour expliquer ce contraste, et donc peut-être envisager un changement ?

Nous avons rencontré Christelle Leandri, Docteur en chimie et chef d’entreprise de « ecce donna ». Son entreprise innove dans le domaine de la cosmétique et est principalement centrée sur la recherche et le développement. Elle nous explique en quoi son projet est innovant. Ecce Donna est la preuve que des entreprises innovantes peuvent se développer en Corse, et que le territoire n’est pas forcément le frein majeur à l’innovation.
Au niveau de la R&D, Christelle Leandri nous explique son fonctionnement au sein de son entreprise, sa collaboration avec l’Université de Corse et les difficultés rencontrées.
A travers cet entretien nous avons retenu, que l’innovation en Corse est donc possible et que même si certains facteurs (niveau de diplôme, R&D, financement…) la ralentiss,e il est quand même possible de donner le jour à certains projets. De plus nous avons pu constater que l’Université de Corse était très impliquée dans la recherche.

Ecoutez l'entretien avec Chritelle Leandri, créatrice de Ecce Donna