Progrès et innovation

Est-ce qu’innover constitue un réel progrès dans une société qui est radicalement opposée au changement ?

par Florent Carlet
étudiant en GEA 1ère année de l'IUT de Corse



«  Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de dĂ©part un respect profond du passĂ© Â»
Ernest Renan 1883.

Quand on y rĂ©flĂ©chit d’un peu plus près on se rend compte que dans la vie quotidienne ce principe s’applique.
En effet, dans le sport, il faut aller puiser dans les techniques fondamentales pour pouvoir se crĂ©er sa propre technique. Par exemple dans le judo, il nĂ©cessaire d’apprendre toutes les techniques fondamentales qui ont Ă©tĂ© dĂ©crites prĂ©cisĂ©ment lors de la crĂ©ation du sport, mais lorsqu’un judoka connait toutes ses techniques fondamentales, il adapte ces dernières Ă  sa forme de corps, si il est plus petit il se baissera moins, si il est plus lourd il tournera un peu moins etc. Comme lors d’une compĂ©tition, la technique basique ne suffira pas Ă  faire tomber l’opposant, il faudra l’adapter Ă  la situation. On peut aussi retrouver cela dans la musique. Un musicien apprend le solfège avant de jouer des morceaux qu’il aura composĂ©s. On  voit Ă©galement des musiciens qui font des reprises d’anciennes chansons qui ont marchĂ©, leur apportant de nouvelles sonoritĂ©s ils se rĂ©approprient ces chansons.

Ces formes de progressions que nous constatons tous les jours ne sont pas les seules, nous en sommes entourĂ©s Ă  toutes les pĂ©riodes de l’histoire, mais la plus connue d’entre elles et certainement celle qui nous intĂ©resse le plus  dans le cadre de cette Ă©tude est la Renaissance.
Qu’est-ce qu’est vraiment la Renaissance ?
La Renaissance est la rĂ©union du passĂ© et des sciences modernes. C’est une relecture de l’antiquitĂ©. C’est aller chercher dans le passĂ© ce qu’il y a eu de meilleur.. La renaissance s’appuie sur les travaux de grands comme Platon, Aristote, CicĂ©ron, Virgile, Ovide … En s’appuyant sur ces penseurs, naitra l’Humanisme.
S’ajoute Ă  cette relecture de l’antiquitĂ© l’ajout de techniques nouvelles comme l’imprimerie, les mathĂ©matiques et les autres sciences pour redĂ©finir et aller chercher plus loin dans ce que les anciens nous ont laissĂ©.
Cette confrontation du passĂ© et de la modernitĂ© nous a apportĂ© un vent de renouveau culturel Ă©norme avec de grands Ă©crivains comme Rabelais, Montaigne ou Guillaume BudĂ©, des peintres comme Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Masaccio, Filippo Lippi, Piero della Francesca, Titien, Sandro Botticelli,  Michel Ange, RaphaĂ«l, Leonardo Da Vinci, Titien, VĂ©ronèse et bien d’autres. Mais cela n’a pas fait que changer notre paysage culturel. Il y a eu aussi des changements dans le domaine du droit notamment avec Machiavel.  Des changements dans l’Ă©conomie avec un renforcement du commerce notamment en MĂ©diterranĂ©e, il y eu aussi quelques inventions comme l’horloge mĂ©canique, le dĂ©veloppement des verreries. Il y eu aussi la dĂ©couverte de nouveaux territoires.
Avec Ă  la clĂ© l’apparition des Lumières, le recentrement sur l’humain etc.

Il semble que la Corse s’inspire grandement de ce système d’innovation et de progrès avec comme objectif d’apporter un vent de renouveau Ă  notre culture et notre hĂ©ritage tout en conservant l’authenticitĂ© de ces derniers. Preuve en est notamment avec le Riacquistu. En effet, suite à  l’interdiction de la langue corse après la seconde guerre mondiale, dans les annĂ©es 70 il y eu ce mouvement initiĂ© par l’Ă©quipe de la revue « U muntanese Â». Ce nom, Riacquistu qui peut se traduire par rĂ© acquisition, rĂ©appropriation, vient de la volontĂ© des initiateurs de se rĂ©approprier la culture et la langue perdues. Pour ne pas que la langue disparaisse, des cours de corse sont dispensĂ©s dans des universitĂ©s comme Paris III, Aix et Nice jusqu’Ă  ce que finalement des cours soient fait en Corse. La langue sera mĂŞme rĂ©intĂ©grĂ©e en 1974 dans la loi Deixonne qu’elle avait quittĂ© en 1951.

Au niveau culturel, c’est Ă  cette pĂ©riode que les plus grands groupes de chant corses sont nĂ©s, avec pour ouvrir le bal, Canta u populu corsu, suivi par I Chjami Aghjalesi, Diana di l’Alba notamment. Cependant, il faut savoir qu’Ă  cette Ă©poque, pas toute la Corse ne voyait cela d’un bon Ĺ“il et il leur Ă©tait interdit de se produire dans certaines villes ou seulement en prĂ©sence de la police.
C’est Ă©galement Ă  cette pĂ©riode qu’on eu lieu les Ă©vènements d’AlĂ©ria. Depuis les annĂ©es 1950, les terrains corses appartenaient Ă  des pieds noirs et l’un d’entre eux, dans la rĂ©gion d’AlĂ©ria, avait une ferme viticole et avait mis en place un système faisant que les petits viticulteurs ne pouvait pas survivre. Quelques dizaines d’hommes armĂ©s menĂ©s par Edmond Simeoni, leader de l’Action rĂ©gionaliste corse, se rendent lĂ -bas et occupent les lieux. Plus de milles gendarmes et CRS ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s avec des blindĂ©s et des hĂ©licoptères. Après plusieurs jours d’affrontement, deux morts et un blessĂ©, les hommes se rendent. L’ARC se dissout peu de temps après ce qui engendrera des violences dans Bastia et aboutira Ă  la crĂ©ation du FLNC et du mouvement nationaliste.

La Corse n’est pas similaire en tout point Ă  la Renaissance, elle s’inspire de ce système pour progresser, malheureusement pas toujours dans les meilleurs conditions. Il faut aussi dire que le sentiment d’appartenance Ă  l’Ă®le se ressent de plus en plus dans l’esprit des corses, qu’ils soient corses depuis cents gĂ©nĂ©rations ou une seule.