Progrès et innovation

Est-ce qu’innover constitue un réel progrès dans une société qui est radicalement opposée au changement ?

par Florent Carlet
étudiant en GEA 1ère année de l'IUT de Corse



Il faut remonter Ă  l’Ă©poque romaine pour voir les premières innovations se dĂ©velopper en Corse ainsi que dans l’ensemble du bassin mĂ©diterranĂ©en. En effet les romains ont apportĂ© leur culture et ont ainsi participĂ© Ă  l’Ă©volution de la langue, la construction de ports, de ponts, de villes et de stations thermales.

Au Moyen-âge, après la chute de l’Empire romain en 476, la Corse se fait envahir Ă  plusieurs reprises. Elle dĂ©veloppe des fortifications dans les montagnes pour pouvoir survivre Ă  ces invasions, ces fortifications sont connues sous le nom de pièves. La Corse calque le modèle fĂ©odal et on trouve des seigneurs qui maintiennent l’ordre et la paix.
Les gĂ©nois et les pisans ont apportĂ© l’urbanisation Ă  la Corse. Ils ont notamment dĂ©veloppĂ© Bastia qui deviendra le siège du gouverneur de Corse. Ils dĂ©veloppent aussi grandement l’agriculture Ă  des fins commerciales.
Nous voyons ici qu’il y a innovation, mais la Corse profite de sa position gĂ©ographique pour suivre le mouvement, elle utilise la puissance de la MĂ©diterranĂ©e Ă  cette Ă©poque pour se dĂ©velopper. Qu’en est-il dans la suite de l’histoire ? Est-ce que la Corse continue sur cette voie ou se lance t elle sur le chemin de la vĂ©ritable innovation ?
La suite de l’histoire est plutĂ´t un ensemble de guerres et de rĂ©voltes qui aboutissent Ă  la libertĂ© de la Corse en 1735.

En 1757 Pasquale Paoli est Ă©lu GĂ©nĂ©ral de la Nation Corse, il avait au prĂ©alable crĂ©Ă© et donnĂ© Ă  la Corse une Constitution adoptĂ©e en 1755, il devient un modèle en Europe. Il institut les magistrats, le tribunal, les Ă©lections, le droit de vote aux femmes... Il crĂ©e en 1758 Ile Rousse, dans la foulĂ©e, il introduit la pomme de terre et crĂ©Ă© une monnaie pour la Corse. En 1765 il Ă©tablit Corte en tant que capitale de la Corse et y crĂ©Ă© l’UniversitĂ© de Corse, qui porte d’ailleurs toujours son nom. Il dĂ» quitter la Corse une seconde fois mais cette fois pour toujours.

En 1801, Napoléon suspend la constitution et ordonne à Miot de Mélito de refonder les lois en Corse, en découle les célèbres arrêtés Miot.
Lors du Second Empire, il y a eu de grandes avancĂ©es. Plus de 2000 Km de routes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, l’interdiction du port d’armes, la crĂ©ation de la première ligne de tĂ©lĂ©graphe et de distribution maritime du courrier, la construction des Palais de justice de Bastia et d’Ajaccio, les dĂ©limitations communales et forestières, l’ouverture de la Caisse d’Ă©pargne Ă  Ajaccio, le dĂ©veloppement de l’industrie minière et thermale, etc.
Après avoir, grâce Ă  de grandes figures de l’histoire, crĂ©er son innovation, la Corse peut elle maintenir cette densitĂ© et cette volontĂ© de changer et d’aller de l’avant ? Si oui, en a-t-elle les moyens humains et financiers ?

Les deux guerres mondiales et la guerre d’AlgĂ©rie ont grandement fait chuter le nombre de corses, ce qui a participĂ© au dĂ©clin Ă©conomique de la Corse. De plus la langue corse a Ă©tĂ© interdite après la seconde guerre mondiale, elle Ă©tait considĂ©rĂ©e comme ayant un rapport avec le fascisme.
De nos jours la Corse est une rĂ©gion financièrement en difficultĂ©, puisque selon l’INSEE le PIB corse est en dessous de celui des provinces et de la rĂ©gion Ă®le de France. Mais c’est une rĂ©gion qui innove beaucoup, malgrĂ© un tissu Ă©conomique dĂ©favorable, nous innovons.
Toujours selon l’INSEE, la Corse innove surtout dans le domaine organisationnel, Ă©galement dans le marketing et les procĂ©dĂ©s. C’est surtout une innovation non technologique, donc beaucoup plus difficile Ă  percevoir, mais beaucoup moins coĂ»teuse Ă  mettre en place. Il faut tout de mĂŞme noter que la Corse se dote de plateforme pour l’innovation comme l’incubateur par exemple.

Nous ne pouvons donc pas dire que nous n’innovons pas, nous innovons dans des domaines moins visibles mais nĂ©cessaires au dĂ©veloppement Ă©conomique de notre rĂ©gion.